L’histoire de la ménopause pour les médecins

Pendant longtemps, la ménopause a été pour les médecins l’époque, vivement espérée, où disparaissaient enfin la plupart des problèmes féminins : plus de troubles menstruels, plus de pathologies infectieuses vaginales, utérine ou tubaire, et surtout plus de sang !

La querelle des anciens et des modernes

Il est bien évident qu’avant la connaissance des hormones, des antibiotiques, et des anticoagulants, avant les progrès immenses des diagnostics cytologiques et chimiobiologiques, on ne pouvait que nager en pleine confusion et en plein désarroi diagnostique et thérapeutique.

Les progrès immenses des antibiotiques

Les progrès immenses des antibiotiques

Que n’a-t-on soupiré après cette époque bénie où cessaient enfin les souris et les doutes, au point de la précipiter inconsidérément et d’en ignorer farouchement les à-côtés défavorables.

Comme on peut l’imaginer, nombreuses ont été les tentatives de traitement faites au cours des siècles, et si certaines reflètent un grand esprit d’observation et beaucoup de sagesse, d’autres relèvent d’un véritable folklore, de folie douce… ou dangereuse.

Puis vint la découverte des hormones génitales, l’étude encore incomplète de leurs mécanismes compliqués, les premiers essais expérimentaux.

Après la dernière guerre, les mêmes spécialistes qui découvrirent qu’ils pouvaient arrêter magiquement le lait d’une femme avec quelques comprimés d’œstrogènes l’essayèrent sur des troubles neuro-végétatifs intense de ménopause.

Et les résultats furent tout aussi magiques : les troubles disparaissaient, bouffée de chaleur comprises, avec une extraordinaire rapidité.

Ce fut presque une belle époque. On se souviens de femmes aux multiples maux, complètement anormales, sur le plan familial et social, depuis 4 ou 5 ans, redevenues en quelques semaines à nouveau sereines et égales à elle-mêmes.

Mais très vite, des gonflements mammaires plus ou moins kystiques, des hémorragies répétées, parfois cataclysmiques vinrent doucher ce bel enthousiasme, et faire renaître tragiquement la hantise du cancer.

La mise en évidence de cancers, jusque-là silencieux devaient finir d’affoler complètement le corps médical.

De là à rentrer dans le mythe des hormones féminines cancérigènes qui, lui, rentrait si bien dans les tabous ancestraux sur le maléfice des humeurs féminines, il n’y avait qu’un pas ! Il fut franchi d’un bond.

La grande phobie

La courte histoire des hormones sexuelles relève beaucoup plus de la psychanalyse que du cheminement méthodique des sciences.

Elle a été dominée dès le départ par la notion primitive, irraisonnée des plus anciens schémas archaïques :

  • hormone mâle, principe bénéfique, semence, source de vie, jouvence universelle, souveraine, facteur de tous les biens, de tous les équilibres et de toutes les forces
  • hormone femelle, principe maléfique, signe d’impureté, de tous les troubles, et de toutes les faiblesses

S’il est difficile à notre époque de lui attribuer des méfaits tels que les épidémies de bétail, le lait ou les mayonnaises tournées, et maintes autres choses proprement sidérantes, si l’on n’ose plus faire promener des jeunes filles en menstruation dans les bois et les récoltes pour détruire les insectes !…

Notre siècle scientifique a enfin trouvé le maléfice moderne absolu : l’hormone féminine est devenue cancérigène !

hormones

hormones

La malédiction hormonale comportait d’ailleurs des nuances curieuses. Dans l’ignorance de leur action complémentaire et de leur équilibre indispensable, on faisait une différence nette entre la folliculine ou œstrogène, hormone de la féminité : dangereuse, et la progestérone, hormone de la matérnité, respectable.

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