Le mythe moderne de la ménopause

A l’heure actuelle, bien des choses se sont modifiées :

  • l’allongement considérable de la moyenne de vie détache de plus en plus le concept de ménopause de celui de vieillesse
  • les connaissances hormonales permettent des analyses impossibles autrefois
  • les progrès de la neurologie expérimentale séparent peu à peu l’organique du psychologique pur et définissent leurs interrelations
  • les femmes abordent cette époque critique dans des conditions organiques et fonctionnelles bien meilleurs

Cependant, comme pour tout ce qui touche à la sexualité masculine et féminine, irrationnels, incontrôlables, mythes, tabous, traditions et coutumes pèsent encore lourdement sur les connaissances objectives et créent tout un système compliqué qu’il faut essayer de débroussailler pour parvenir à une analyse relativement exacte.

Mythes

Mythes

Car il y a toujours un mythe de la ménopause, comparable, sinon plus redoutable encore que la mythologie des règles et si les femmes sont seules à en subir les conséquences, elles ne sont pas seules à l’avoir construit.

Le mythe de la ménopause est tout à la fois cause et conséquence du climat dans lequel elle se déroule.

Sur plusieurs plans différents, il contribue à nuancer abusivement la façon dont elle est considérée… et ressentie.

Climat social

Il est profondément défavorable.

Lorsque dans une civilisation primitive, une femme ménopausée a le droit de revenir chez son père au lieu de faire partie de l’héritage des fils ou des frères de son mari, c’est parfois parce que n’étant plus impure, elle devient respectable, mais le plus souvent tout simplement parce qu’elle n’est plus utilisable.

Sous des formes à peine plus indirectes, il se passe la même chose dans nos sociales.

La femme, lorsqu’elle n’est plus considérée comme partenaire sexuelle ou agent de reproduction, entre dans une période où la garde accessoire des petits-enfants est la seule éventualité offerte. Car rien n’est prévu, pour elle, ou à cause d’elle.

C’est un phénomène beaucoup plus profond et général que la désocialisation d’un homme à la retraite, et le symbolisme sexuel qui accompagne soulagement, une position asexuelle qui rend les rapports avec les hommes plus familiers, plus nets et plus aisés, la plupart des autres, conditionnées depuis l’enfance à n’avoir d’autre existence et d’autres, se sentent dépossédées de toute signification sociale, familiale ou sexuelle.

Dans ce domaine, curieusement le problème s’aggrave en montant l’échelle sociale. Une femme dont le travail à la maison est essentiel et indispensable, garde sa valeur et sa nécessité inchangées, jusqu’au plus grand âge, aussi longtemps qu’elle reste fonctionnelle et efficace.

C’est sa seule supériorité de base sur l’homme, mais à partir d’un certain âge cette supériorité devient considérable et lui aussi assure certainement une conservation et une survie meilleure que celle de son conjoint retraité.

Quand les femmes deviennent moins nécessaires à la vie des hommes

Homme

Homme

Mais au fur et à mesure que l’on s’élève dans l’échelle sociale, lorsque les enfants sont partis, la femme de 50 ans devient moins nécessaire à la vie de l’homme qui n’en a plus le désir ou l’utilité, et peut la remplacer par :

  • d’autres femmes
  • un club
  • des employées
  • des domestiques…

A moins d’avoir une personnalité profondément rayonnante ou attachante, ou une position sociale, mondaine ou professionnelle importante, épouse ou non, le femme est reléguée dans une sorte d’inexistence. C’est une conséquence indésirable de la ménopause.

De l’aspect implacable et général de ce désintérêt et de ce rejet est née une lutte acharnée chez les femmes pour en retarder l’échéance.

Boyveau-Laffectuer en 1798 est déjà frappé de ce fait :

« Quand un homme de l’art interroge une femme qui éprouve les premières atteintes de son temps critique, il est rare qu’elle réponde avec franchise ; toujours, elle dispute du terrain à l’âge qui s’approche, toujours, est déguise les ravages de ses charmes, toujours elle parle avec inquiétude de la fin de son printemps, quand sa tête blanchissante lui annonce le commencement de son hiver. »

En 1865, Roger-Collard, après bien d’autres renchérit :

« …Il y a des femmes qui cherchent à prolonger artificiellement une évacuation dont elles regardent la fin comme le terme de leur existence… »

Plus près de nous, l’attitude des premières et très nombreuses femmes qui, en pleine période de terreur hormonales, ont de leur propres chez continué à user de contraceptifs au-delà de toute vraisemblance de fécondité montre à l’évidence la persistance du rejet et la crainte que les femmes en ont.

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